« Sans sucre ajouté… », « Allégé…», «Faible en gras…», voilà ce qu’on peut lire sur une multitudes de produits alimentaires lorsqu’on va au supermarché. Et c’est tentant, hein ? Des frites allégées, des glaces allégées, du fromage allégé et même des pizzas allégées ! Ce terme pour décrire des produits allégés résonne et semble faire toute la différence dans notre esprit !
S’autoriser enfin à manger des produits hypercaloriques et dits plus « légers » ! N’est-ce pas un luxe auquel on aime plonger les deux bras en avant ? Et surtout avant de partir en vacances ! Mais est-ce vraiment LA solution efficace pour ne pas grossir ou nous éviter d’avoir mauvaise conscience ou encore un bon moyen de désemplir notre portefeuille en douceur ? Que contiennent donc ces produits plus « légers », justifiant une telle différence de prix ? Business bien ciblé ou mode de consommation recommandée ? J’en ai assez de me torturer l’esprit dans les rayons des magasins alimentaires sans être sûre du réel apport de ces produits. Face au doute, j’ai préféré demander l’avis d’un professionnel.
Le nutritionniste Jean-Michel Cohen, coach du programme « Savoir Maigrir », a répondu à mes interrogations. Il nous aide à dénouer le vrai du faux !
On va rentrer directement dans le vif du sujet ! Les produits allégés sont-ils susceptibles de nous aider à mincir ou en tout cas de nous faire moins grossir ? Pourquoi ?
L’expérience montre que ça n’a aidé personne à perdre du poids ou à maintenir son poids pour une raison simple. Pour obtenir des plats allégés, il existe deux ou trois possibilités. La première, c’est soit de rajouter de l’eau dans le produit et l’eau n’est pas nourrissante ! Soit de rajouter de l’air, l’air n’a jamais nourri personne ou enfin de choisir des éléments extrêmement maigres, ce qui revient à faire un régime restrictif.
Dans la situation de la consommation des produits allégés, les personnes n’obtiennent pas ce qu’on appelle le « rassasiement psychologique », c’est-à-dire la satisfaction de manger. C’est ce qui les conduit la plupart du temps à augmenter leur consommation alimentaire. Et finalement l’allégé n’a pas servi à grand-chose.
On continue à le donner, dans le cadre du régime, car on estime que sur certains types de produits comme les produits laitiers, la réduction que l’on peut faire est intéressante par rapport au déficit sensoriel.
En pratique, on se rend compte que les gens qui prennent un yaourt entier ont moins envie de manger que ceux qui prennent un yaourt allégé. De surcroit, nous avons une extrême méfiance aujourd’hui vis-à-vis des produits allégés en sucre lorsque ces sucres ont été remplacés par des édulcorants. On pense que les édulcorants, consommés en excès, entraineraient une forte augmentation de la consommation des graisses. Cet effet justement serait dû à une insuffisance de rassasiement.
Vos patient(e)s vous posent-il/elles souvent la question ?
Oui, on a commencé à la poser il y a 2-3 ans. Depuis une vingtaine d’années, tout le monde avait pris l’habitude de prescrire des produits allégés. Comme l’industrie agro-alimentaire recherche en permanence des segments de marchés profitables, l’allégé en faisait donc partie. On poussait donc en avant des produits allégés. C’était le cas des chocolats sans sucres qui n’avaient pas de goût ou du camembert allégé qui n’avait rien à voir avec un vrai camembert.
Les gens posaient alors la question sur la légitimité de la consommation de ces produits allégés et le fait même qu’ils s’interrogent était l’indicateur qu’il y avait un problème. Aujourd’hui, certains même disent que la différence calorique ne justifie pas que qu’ils prennent des produits allégés ou même lorsqu’ils prennent des produits allégés, ils en prennent une quantité supérieure.
Dorénavant, on préfère réduire les portions et prendre plus de plaisir à manger.
Le terme « allégé » est présent sur tout type de produit aujourd’hui (pizza, glace, frites…) Que contiennent ces produits ? Comment peut-on manger des aliments hypercaloriques « allégés » ?
On peut donc alléger un produit en changeant les ingrédients. Par exemple, si dans la pizza, je choisis astucieusement mes fromages ou si je mets une dose de légumes plus importante que le fromage, elle sera plus allégée qu’une pizza traditionnelle.
Le terme « allégé » est un terme très contrôlé. Il est obligatoire d’avoir un allègement de 25% sur la substance dont on dit qu’elle est allégée pour pouvoir inscrire l’allégation sur l’étiquette. C’est une obligation légale.
Après on peut tout alléger. Si on fait un cassoulet et que l’on enlève un quart de la graisse que l’on met d’habitude, on peut dire qu’il est « allégé en graisse ». De même, si on fait des chips avec 25% de sel en moins, on peut dire que c’est « allégé en sel ».
Y a-t-il une différence entre un produit « light » et « allégé » ? La(es)quelle(s) ?
Le terme « allégé » signifie qu’il y a une diminution du produit. Le terme « light » signifie qu’il y a une réduction mais sans donner forcément le chiffre de réduction. Le législateur est en train de modifier les choses pour aligner le « light » sur « l’allégé ». Cela permettra donc d’éviter la transformation du vocabulaire et de tromper le consommateur.
Que penser des produits dits « pauvres en sucres » ou « en graisse » ?
S’ils sont « pauvres en sucres » ou « en graisse », ils le sont réellement ! Il y a des systèmes pour donner du goût aux aliments. On remarque alors qu’il y a une augmentation sur d’autres produits. Quand on écrit « pauvres en sucres » pour des gâteaux diététiques, par exemple, on se rend compte qu’il y a soit plus de graisses ou de sucres lents à l’intérieur. Les réductions caloriques n’existent pas, c’est souvent plus du marketing qu’autre chose.
Des conseils pour bien choisir les produits « allégés » ? Des termes à vérifier sur les étiquettes/emballages…
Quand on propose un allègement sur un produit concernant un nutriment, il faut regarder comment sont les autres nutriments ! Il faut donc comparer le produit par rapport au produit original pour voir où se font les différences. Souvent l’indicateur principal reste la valeur calorique.
Il existe, surtout chez les femmes, une vraie dictature du corps. Que conseiller aux personnes qui souhaitent perdre quelques kilos avant d’aller sur la plage ?
Je n’aime pas parler de « dictature du corps », c’est un terme-slogan, inventé par les comportementalistes. Il focalise sur l’attitude des gens. Il y a un désir global de la société d’avoir le corps le plus performant possible autant pour des raisons esthétiques que pour des raisons de santé. Aujourd’hui, quand on veut avoir un joli corps pour l’été, il n’y a pas 36 solutions, on doit faire un régime. Malheureusement, sous le terme de régime, on a englobé tous les régimes.
Les personnes assimilent souvent le terme de régime minceur aux régimes très restrictifs. Un régime, c’est une modification de la valeur calorique de votre alimentation. Vous êtes en décalage par rapport à votre dépense et cela vous permet donc de maigrir. On peut donc faire des régimes pour maigrir qui sont, pour certains individus, quasiment équivalents à des régimes normaux.
Modeler son corps passe aussi par une « resculpturation » au travers d’exercices physiques : des abdos, des squats, de la musculation, du jogging… Il faut que l’amaigrissement soit associé à une augmentation du volume musculaire pour donner au corps la forme que l’on souhaite lui donner.
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