« Pour que les femmes soient belles, d’abord il faut qu’elles se sentent belles et maîtresses de leur puissance. »
Ingénieure de formation, c’est au Pérou que Jihene Bouraoui a profité d’une période de remise en question personnelle et professionnelle pour prendre de la hauteur sur sa vie. Lancée en pleine période de Covid, sa gamme de « rituels », baptisée les « Jardins de Jaina », est ce que l’on appelle couramment le sel de la vie privilégiant le bien-être et valorisant l’estime de la femme. Fraîchement dévoilée, sa marque de cosmétique est une véritable ode à la forêt amazonienne. Pour La Loge Beauté, Jihene livre les compositions, le processus de fabrication et sa vision de la féminité.
C’est en sollicitant « son cerveau droit », comme elle dit, que Jihene Bouraoui a développé son label avec cet amour des plantes amazoniennes. Une passion qui lui a valu le surnom de « Jaina » au Pérou et qui a inspiré le nom de la marque de cosmétique puisque Jihene décrit, avec sagesse, cette impression de faire une balade dans un jardin avec tous ces produits qui sentent bon les fleurs et allient performance et régénération. Et pour cause, la marque « Les Jardins de Jaina » est née suite à un long cheminement. Jihene a fait connaissance avec le Pérou et l’Amazonie, en particulier les plantes amazoniennes, il y a cinq ans de cela. Un moment de sa vie où elle n’allait pas bien sans trouver vraiment de réponses à ses maux dans le fonctionnement classique de la société occidentale.
Elle ressent ce besoin de partir pour différentes raisons : se retrouver, elle, un peu seule dans un premier temps. Elle découvre la culture de la médecine ancestrale amazonienne qui considère la personne de façon entière : un individu peut ainsi être malade, non pas à cause d’un microbe, mais en raison de ses émotions déséquilibrées ou d’une vulnérabilité spirituelle. Il faut intervenir sur l’un des trois champs : le corps, les émotions et l’esprit. Cette vision poétique et humaine résonne en elle.
Pour prendre soin de soi, Jihene propose différents rituels : le rituel Éclat, le rituel Sérénité et le rituel Vitalité. Sous forme de coffrets, ils vous permettront de vous octroyer un moment rien qu’à vous. Le rituel Éclat, dédié à la beauté du visage, se compose ainsi d’une huile « Ma Très Précieuse » à appliquer en quelques gouttes sur le visage et en massant doucement pour dénouer vos muscles tendus. Parmi cette gamme, le sérum « Couvre-Moi D’or » à déposer sur tout le visage, les paupières et les lèvres comprises jusqu’au décolleté ainsi que la crème rose et dragon à masser et faire pénétrer sur les joues, le cou, les paupières et les lèvres.
Le rituel Vitalité, dédié au corps, est un doux plongeon dans la chantilly et une ambiance sensorielle magique ! Au programme le savon chantilly « Mousse Moi Fort » hydrate votre peau en l’exfoliant pour votre plus grand confort. La crème hydratante « Mousse Moi Encore », à appliquer après la douche, hydrate et parfume délicatement votre peau pour révéler toute votre sensualité. Enfin, le shampoing aux plantes ayurvédiques est une façon saine et pratique de l’emmener partout avec soi dans son petit sac en mousseline pour prendre soin de vos cheveux et de votre cuir chevelu.
Puisque l’âme est aussi un paramètre fondamental, le rituel Sérénité vous permettra de vous détendre agréablement. Le parfum d’ambiance « Oh Mon Amour » sera idéal pour des effluves fleuris dans votre intérieur. Et il y a le choix pour tous les goûts : Jasmin, Néroli et fleur de tiaré. Les adeptes des infusions pourront préférer une tisane pour apaiser la tête et le cœur. Les plantes sélectionnées agissent ainsi sur l’humeur, apaisent votre âme et ancrent votre féminité puissante. La réglisse et la passiflore pacifient vos émotions, la fleur de tilleul apaise vos pensées et l’épiaire vous accompagne avec bienveillance en période de menstruations.
Un moment détente ou sensuel à l’horizon ? Ne vous privez surtout pas de la bougie de massage « Fond Pour Moi » parfumée au ylang-ylang et à l’orange douce, chauffée à l’huile de clou de girofle et infusée au calendula et à la lavande. Elle nourrira votre peau grâce aux huiles végétales doucement chauffées. Afin de comprendre le parcours de Jihene mais aussi l’histoire de son label : « Les Jardins de Jaina », elle nous confie les dessous du processus de fabrication de ses élixirs, sa philosophie sur la féminité et ses projets. Entretien.
Parlez-nous de la genèse de votre marque « Les Jardins de Jaina »…
L’Amazonie est une partie particulière du monde de par sa géographie. Je me suis initiée à ces plantes-là et je trouvais intéressant la démarche des hommes et des femmes-médecine qui ont vraiment dédié leur vie à l’apprentissage et l’optimisation de ces plantes. Ils les connaissent bien et les considèrent comme des alliées. Chacun en a ingéré suffisamment au cours de sa vie pour que la plante s’infuse dans la personne et pour prendre contact avec la plante d’un point de vue spirituel. Ces personnes auront une approche et une vision du monde très fascinante des maladies et des êtres humains. Il s’est passé quelque chose au Pérou, j’ai remonté la pente, j’ai recommencé à rire, à prendre plaisir et la créativité a commencé à s’installer. C’était la découverte d’une partie de moi qui souffrait d’avoir été cachée jusque-là. Dans ce cheminement, je savais qu’un jour je travaillerai avec ces plantes, je les ai ramenées chez moi. Dans ma famille, nous avons toujours eu cette culture de vivre et travailler avec les plantes. Ma grand-mère était distillatrice. D’autant plus qu’une plante d’Amazonie va être beaucoup plus intéressante qu’ici, en termes de composantes puisqu’on a des plantes présentes dans une nature très féroce et dangereuse. Cela fait que 50% de la pharmacopée aujourd’hui, qui existe, vient de plantes tropicales qui peuvent aller vers des traitements de cancers ou de leucémies, par exemple.
Il y a trois ans, j’ai rencontré ma meilleure amie et ma partenaire de travail aujourd’hui, qui avait cette magie de la cosmétique. Elle avait des problèmes de psoriasis. On s’est demandé pourquoi ne pas incorporer dans ses cosmétiques qu’elle réalisait les plantes d’Amazonie et nous avons fait nos premières crèmes, qui avaient permis de résorber ce problème de peau. C’était un projet que nous avions commencé à faire pour nous, les enfants et la famille. Il y a trois ans, il y a eu de gros problèmes d’incendie en Amazonie et on s’est dit qu’on ne pouvait plus regarder les choses se faire comme ça, nous voulions changer la donne. On a décidé de monter une marque de cosmétique pour valoriser ces plantes médicinales, en payant correctement les gens sur place par le biais du circuit court, qui permettrait de financer une part de reforestation et qui permettrait de véhiculer au final cette forme de bien-être que j’avais réussi à toucher au Pérou. Ce sont ces moments où vous êtes aligné avec vous-même et en paix avec vous. Il n’y a pas de petite voix qui dit : « J’ai mal fait ceci, je ne suis pas assez bien… », ce sont ces moments de silence et même s’ils durent deux minutes, en posant sa crème le matin ou le soir, c’est génial dans certains cas de figure. Voilà l’histoire de la marque « Les Jardins de Jaina ».
« Pour que les femmes soient belles, d’abord il faut qu’elles se sentent belles et maîtresses de leur puissance. »
Votre démarche est responsable et éthique, quelles sont les composantes de vos élixirs ?
Les produits des Jardins de Jaina sont 100% naturelles ou quasi si l’on prend en compte les conservateurs, demi naturels. Nous respectons la définition ou normalisation de « cosmétique naturelle », c’est-à-dire les moins transformés possibles. Ce ne sont que des produits autorisés par la norme Ecocerp ou la définition que l’on fait de la cosmétique naturelle. L’un des ingrédients phares est le sang de dragon qui est une résine qui sort d’un arbre assez particulier que l’on « blesse », on parle de blesser l’écorce bien sûr, une fois par an. On fait attention vis-à-vis des personnes avec qui nous travaillons pour la collecte de ces plantes, il n’est pas question de couper un arbre pour en obtenir. Le sang de dragon est un pansement liquide au Pérou car dans la jungle, c’est impossible d’aller rapidement dans un hôtel. Cette résine permet de faire cicatriser la peau, c’est un cicatrisant puissant, un anti viral, anti microbien et anti fongique. Il va accompagner la peau pour l’aider à se régénérer.
Nous utilisons des concentrations très élevées au niveau des produits. Chaque composante est là pour une raison bien identifiée et je fais les formulations seule. Il est important de bien doser les actifs. Il vaut mieux avoir un seul ingrédient mais bien dosé pour qu’il puisse faire la différence sur la peau plutôt que 4 ou 5 ingrédients tellement peu dosés qu’ils n’apportent pas de valeur.
Nous utilisons des huiles précieuses comme l’huile de figue de barbarie qui est une des anti-âges les plus puissants, la rose musquée aussi parfaite pour des peaux fatiguées ou ternes. On utilise aussi la capirona qui est une plante sacrée. Il y a ce rapport à la plante qui guérit physiquement et spirituellement. C’est très efficace contre les boutons par exemple. L’huile de Chia est aussi très riche en oméga 3, 6 et 9. L’idée, c’est de dire que la beauté ne vient jamais de l’extérieur. Elle vient d’abord de l’intérieur. Vous pouvez très bien avoir dormi juste deux heures parce que vous êtes amoureuse et que vous avez passé une nuit magique avec la personne que vous aimez et vous serez rayonnante ! Donc pour que les femmes soient belles, d’abord il faut qu’elles se sentent belles et maîtresses de leur puissance. Cela passe par les odeurs qui vont venir créer ce sentiment de bien-être ou qui vont venir le renforcer. Les huiles essentielles sont magnifiques pour ça.
« Pour moi, la démarche de départ est ce besoin de redécouverte d’un féminin sacré et sauvage, différent de ce que l’on voit aujourd’hui sur les réseaux sociaux. C’est plutôt quelque chose de beaucoup plus ancré et connecté à la nature, à la terre et de beaucoup plus humain forcément. »
Vous travaillez en circuit court avec des producteurs, c’est une volonté de maintenir une relation plus humaine ?
Pour moi, la démarche de départ est ce besoin de redécouverte d’un féminin sacré et sauvage, différent de ce que l’on voit aujourd’hui sur les réseaux sociaux. C’est plutôt quelque chose de beaucoup plus ancré et connecté à la nature, à la terre et de beaucoup plus humain forcément. Quand je prépare un produit cosmétique des Jardins de Jaina pour quelqu’un, j’y mets une intention, pour que la personne se sente bien. Pour moi, ça me paraît normal que tout soit fait en ce sens, y compris ma cueillette des plantes. Quand quelqu’un va cueillir une plante, il y a tout un ensemble de choses qui se mettent en place pour avoir une énergie de guérison. A mon niveau occidental, c’est important que cette énergie soit préservée dans la façon dont on prépare les crèmes, voilà pourquoi nous faisons presque du sur mesure. J’essaie de travailler avec des gens que je connais pour cueillir ou travailler les produits.
Dorénavant, vous préparez vos élixirs sur commande, c’est une manière d’être au plus près de vos clientes ?
Nous lançons la marque « Les Jardins de Jaina » avec des beaux produits qui marchent avec les problématiques de peaux aujourd’hui. Dans un deuxième temps, je souhaiterai organiser, avec celles qui utilisent nos produits, la cueillette d’une plante rare et particulière en expliquant son histoire, son stade de maturité et sa rareté… Nous comptons lancer ce type de série limitée accompagnée de vidéos pour suivre cette étape mais aussi sa transformation en cosmétique.
« La tisane mérite le détour pour se poser et permettre de calmer la tête. On devient serein dans un monde de fous ! »
Vous proposez trois rituels beauté aussi bien pour le visage, le corps que l’âme. Si vous deviez conseiller un produit découverte ou indispensable par catégorie, lesquels seraient-ce ?
Cela dépend dans quel état d’esprit vous êtes. Pour le visage, je suis amoureuse du sérum et de l’huile. Si vous avez besoin de légèreté, vous allez chercher le sérum « Couvre-moi d’or » très nourrissant et fleuri. Si vous êtes aventureuse et que vous avez besoin de revenir à quelque chose de profond, l’huile va vous secouer.
Pour le corps, la Chantilly est divine. Elle va vous faire jouer, sourire, vous amuser !
Pour la gamme bien-être, si vous voulez expérimenter à deux, tentez la bougie de massage. Si vous êtes entre amis, tentez le parfum d’ambiance et la tisane ! Cette dernière mérite le détour pour se poser et permettre de calmer la tête. On devient serein dans un monde de fous !
Prendre soin de soi en ces temps de Covid, c’est aussi un moyen de réconforter son esprit et son corps. C’est un objectif des Jardins de Jaina ?
Nous, les femmes, nous avons payé un grand tribut pendant ce covid. Fin mai, j’étais en burnout car le travail s’accélérait, mes enfants avaient des devoirs, il fallait les aider de 8h30 à 16h30, il fallait se battre pour avoir des produits essentiels, des repas à préparer… Je devais gérer tout cela toute seule. La vie s’arrêtait brusquement. Tant que je n’avais pas décidé qu’il n’y avait pas un moment de bien-être pour moi, il n’y avait rien car la vie est un rouleau compresseur. Toutes les attentions de la vie de tous les jours ont disparu et la seule chose qui restait, était cette peur du covid. Nous sommes beaucoup à ne pas en avoir parlé mais à en avoir souffert. Je voulais créer un moment de paix à notre capacité. J’avais besoin d’un petit moment pour être bien avec moi-même et ça passait par un pot de crème ou de sérum. Entre l’odeur qui m’appelle et la sensation du sérum ou de l’huile sur mon visage, je voulais offrir ce petit moment de bien-être à toutes les femmes. Dans ce monde d’injonctions, on n’a pas toujours le temps de prendre soin de soi pendant deux heures par jour.
De quelle manière « Les Jardins de Jaina » révèle notre féminin profond ?
D’abord en refusant de demander aux femmes de correspondre à un standard particulier. Pour moi, la beauté est singulière, nous sommes toutes belles à partir du moment où on a trouvé cette flamme en soi. Si j’arrive à faire rencontrer, de temps en temps, une femme avec cette part là, tellement magnétique d’elle-même, alors j’ai tout réussi.
Justement comment définir « LA » femme qui utilise vos soins ?
Toutes les femmes ! Les femmes ont commencé à remettre en question l’ordre établi par la société. Autour de la trentaine, elles se disent qu’elles ont coché toutes les cases de la gentille petite fille qu’on lui a appris à être depuis toujours : faire des études, avoir un travail, des enfants… Mais quelque chose leur manque. Certaines souhaitent aller chercher cette part créative. Ce sont des femmes généreuses de leur temps, de leur argent pour d’autres mais pas assez pour elles-mêmes. Elles ne sont pas conscientes de leur valeur. Je veux entourer les femmes de beauté pour qu’elles se sentent belles. C’est une prise de conscience.
Sur votre site des Jardins de Jaina, vous parlez de l’importance « d’instaurer de nouveau cette bienveillance féminine envers la terre », c’est-à-dire ?
C’est-à-dire consommer moins mais mieux. C’est se poser la question des origines des matières premières. Je pense qu’il est temps de se poser des questions sur le mode de fabrication (les intermédiaires, les producteurs…). On essaie de fabriquer tous nos produits des Jardins de Jaina à partir de matières totalement recyclables. On ne fait que du verre, pas de plastique. Tous nos pots sont conservés dans des boîtes réutilisables, sans écrire le nom du produit dessus, pour s’en servir comme boîte à bijoux…
Avez-vous des projets en cours pour les Jardins de Jaina cette année ?
Plein ! Nous lançons la distribution là, en janvier, on sera plus présent de manière physique. Le produit des Jardins de Jaina gagne à être rencontré, ne serait-ce que pour le sentir. En avril, nous partons en Amazonie pour montrer à nos clients les phases de préparation de leurs produits : de la matière première à la fabrication et la réception de leurs paquets. Nous lançons la coopérative et le fond pour la reforestation au mois de mai ou juin prochain et en septembre sortira la gamme de nettoyage. Enfin, en décembre, nous sortons les masques pour le visage. Je suis très excitée à l’idée de tous ces projets. Mon désir suprême est de faire connaître aux gens une plante ou un produit qu’ils ne connaissent pas.
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